Correcteur automatique versus correcteur humain : qui gagne ?
- Par ingridk18
- Le 14/01/2022
- Dans Le métier de correcteur
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Une question fréquente qui vous a peut-être déjà traversé l’esprit est la suivante : pourquoi faire appel à un correcteur humain étant donné qu’il existe des correcteurs automatiques ?
Vous avez probablement déjà utilisé le correcteur automatique de Word, qui vous signale d’un trait ondulé rouge les fautes d’orthographe et d’un trait ondulé vert les fautes de grammaire. Ce correcteur détecte les termes mal orthographiés, certaines coquilles et certaines fautes de grammaire, telles que les pluriels manquants et les problèmes d’accord du participe passé. Mais attention, il ne repèrera que les fautes basiques, il vous soulignera en rouge tous les noms propres et autres mots qui lui sont inconnus (même s’ils sont bien orthographiés), il sera incapable de détecter une faute d’accord entre deux mots trop éloignés dans une phrase – et j’en passe. En toute franchise, en matière de performance et de puissance, le correcteur de Word est situé dans le bas de l’échelle.
Mais alors en quoi consiste le travail de correction par un professionnel ? Que va-t-il faire de plus par rapport à un correcteur automatique basique ? Un correcteur professionnel propose généralement une correction approfondie (ce qui est mon cas). Il ne se contente pas de traquer les fautes d’orthographe, les coquilles et les fautes d’accord. Il vérifie la ponctuation et veille à ce que les règles orthotypographiques soient bien respectées. Il se focalise également sur la syntaxe, c’est-à-dire qu’il fait attention à ce que les relations entre les mots dans une phrase et leurs combinaisons soient bien en accord avec les règles de la grammaire française.
Par ailleurs, il supprime les pléonasmes, qui correspondent à l’addition inutile de termes de même sens (comme « monter en haut »), et les répétitions, en employant des synonymes à la place. Il repère aussi les confusions lexicales et contresens, en étant à la recherche du mot juste (par exemple, lorsque l’on est perplexe face à la multiplicité d’hypothèses envisageables, on dit « se perdre en conjectures » et non pas « se perdre en conjonctures »). Il élimine les maladresses en reformulant certaines phrases, sans changer le contenu, bien entendu. Parallèlement à tout cela, il vérifie l’exactitude des informations apportées (les dates, les noms de lieux, l’orthographe de noms propres, etc.).
La plupart des gens ne se rendent pas compte de tout ce qu’implique un travail de correction. Cela va bien au-delà de la simple correction des fautes d’orthographe. C’est un travail qui requiert concentration, exigence, minutie et patience.
Je ne vous cache pas qu’il existe des logiciels de correction payants qui sont très puissants. C’est le cas du logiciel Antidote, qui, en plus de repérer toutes les fautes d’orthographe, va signaler des erreurs typographiques, des fautes de grammaire, de syntaxe, détecter les répétitions et les pléonasmes. Il est même en mesure de déceler des erreurs de concordance des temps et de vous faire des suggestions d’ordre stylistique. Antidote présente toutefois des failles. D’une part, face à des phrases trop complexes, il ne remarquera pas toutes les erreurs et en oubliera donc quelques-unes. D’autre part, il va vous signaler un grand nombre d’erreurs dans des catégories diverses, ce qui peut rendre la correction indigeste, d’autant plus qu’il lui arrive d’ajouter des erreurs qui n’en sont pas.
De manière générale, un correcteur automatique, même très puissant, ne sera pas en mesure de repérer les incohérences dans un texte ni de faire des reformulations qui sont parfois nécessaires. Il ne prendra pas non plus en compte le contexte. Les logiciels de correction ne font qu’analyser une suite de mots sans savoir de quoi l’ensemble traite. Par ailleurs, il est fréquent qu’un auteur confonde le nom des personnages et ce, à plusieurs pages d’intervalle. Seul un correcteur humain sera capable de remarquer cela. Il sera également impossible à un correcteur automatique, contrairement à un correcteur humain, de relever une erreur d’information (événement, lieu, date, etc.).
Vous l’aurez compris, c’est le correcteur humain qui gagne face à un correcteur automatique et l’investissement vaut largement le coup. Un correcteur professionnel n’est pas infaillible, bien évidemment ! Mais il améliorera la qualité de votre texte en tous points, sans en modifier le fond, de manière plus approfondie qu’un logiciel de correction, aussi puissant qu’il soit, et vous gagnerez ainsi en crédibilité auprès de votre employeur, de vos clients, de vos lecteurs ou des éditeurs.
Par Ingrid Konrad - Correctrice professionnelle indépendante et linguiste
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